jeudi 16 juillet 2009

L'épilepsie au Laos: quelques infos, quelques chiffres

- Un seul « neurologue » au Laos. Entre guillemets car il a comme les autres suivi une formation générale (d’un niveau terriblement bas) avec en bonus, en réponse à un besoin, 2 ou 3 mois d’initiation à la neurologie…

- Aucun hôpital au Laos n’a de service de consultation en neurologie (donc pour l’épilepsie)

- Plus de 90% des épileptiques au Laos ne sont pas traités

- Pour les rares qui sont traités, ils le sont de façon très approximative : comme dans tous les pays en voie de développement (c’est de notoriété publique), les populations n’ont aucune conscience de la maladie chronique, en particulier dans les phases asymptomatiques. La compliance aux traitements de long cours est donc proche du néant et seules les crises sont traitées (l’exemple typique de ce problème de traitement chronique est le diabète)

- 60% des professionnels de santé pensent que l’épilepsie est une maladie transmissible, dont la moitié pense qu’elle se transmet par la salive !!! Aaaahhhhhh!!!!
Autour de 40% de la population croit que c’est une maladie d’origine surnaturelle et donc incurable (les épileptiques sont soit disant « maudits » ou punis, par je ne sait quelle puissance supérieure)

- Les épileptiques sont la plupart du temps marginalisés (parents qui interdisent à leurs enfants de jouer avec d’autres enfants épileptiques, mariages interdits etc…)

- L’espérance de vie et le taux de mortalité par accident sont très augmentés chez les patients épileptiques (SMR > 23 !)
La plupart des épileptiques meurent noyés ou brulés (selon le contexte lors de la crise)

- Les traitements antiépileptiques préconisés par l’OMS dans les pays en voie de développement sont disponibles dans les grandes villes (autrement dit à Vientiane) mais en campagne leur accès est très limité. Il s’agit d’antiépileptiques de 1ère génération, mais le prix relativement bas et l’utilisation relativement simple du phénobarbital le place en traitement de 1er choix dans les pays en voie de développement

- Beaucoup de laotiens, surtout en campagne, ne cherchent pas à être traités ou ne passent que par la médecine traditionnelle et les guérisseurs (en particulier pour une question tout bêtement d’argent) qui n’ont aucune idée de quoi il s’agit et qui cultivent le mythe de cette « maladie du cochon fou » sans aucune forme de solution. La fatalité est au Laos un acquis culturel qui guide la vie…et la mort…

- Conclusion: Avec une prévalence d’environs 8 pour 1000, un statut social et familial catastrophique ainsi qu’une mortalité par accidents prématurée, la prise en charge de l’épilepsie au Laos doit être largement améliorée, d’autant plus que les traitements existent et peuvent être disponibles

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